
Comme beaucoup, notre histoire commence en 2018 suite au lien fait entre des problèmes de santé et les ondes. Nous trouvons après de longues recherches un lieu de vie pour nous. : « Nous avons assisté le 16 juin à l’assemblée générale de l’AREHS, une association transformée en
ASBL depuis mars 2019. Le but de cette association est la reconnaissance de
l’électrohypersensibilité (EHS) comme maladie. Mon épouse et moi-même avons rejoint
cette association fin 2018 suite à notre prise de conscience de notre EHS. Nous avons dû vendre en
catastrophe une maison que nous venions d’acquérir et transformer à Namur, suite à
l’impossibilité de continuer à y vivre (antenne GSM à proximité et plus de 30 signaux WIFI
pénétrant la maison).
Nous avons alors trouvé une solution transitoire dans la même région, nécessitant toutefois des
aménagements techniques, dont une cage de faraday, pour pouvoir dormir. Ces aménagements
souvent onéreux permettent de réduire l’exposition mais pas de résoudre tous les problèmes (1).
Nous avons dès lors recherché un lieu de vie supportable durant 6 mois, en parcourant la Wallonie
sur +/- 10000 km. Nous en avons finalement trouvé un, et y sommes installés depuis début mai
La différence de qualité de vie est notable et nous pouvons aujourd’hui affirmer que la fuite
était malgré les coûts et les tracas notre seul moyen de survie.
Pour fuir efficacement, il faut savoir ce que l’on fuit, c’est à dire identifier le danger.
Nous n’avons jamais imaginé être un jour EHS. Je n’utilisais pas de GSM, j’éteignais le WIFI avant
d’aller dormir, ne voyais pas d’antenne GSM dans mon environnement direct, et n’avais ni téléphone
sans fil (DECT) ni four à micro-onde. J’avais suivi une formation longue et coûteuse en 2013 et j’étais
un peu au fait des dangers potentiels de ces technologies. Je me rappelle même m’être un peu
moqué d’une dame qui suivait cette formation avec de l’aluminium sous son bonnet, je la prenais
pour une folle. Je n’avais pas fait le lien entre certains inconforts de vie et l’usage temporaire
de certaines de ces technologies (bluetooth et WIFI), je mettais cela sur le compte de l’âge et d’un
état général en dégradation. Je ne savais pas que des antennes étaient placées dans des clochers
d’église, que le WIFI ou le DECT des voisins traversaient les murs et impactaient notre quotidien. J’ai
mis les palpitations de plus en plus fréquentes sur un problème cardiovasculaire confirmé par le
cardiologue, les impossibilités de dormir sur le matelas trop dur, les douleurs musculaires sur le
manque d’exercice et les troubles de concentration sur les conséquences d’un AVC. Puis un jour, je
me suis rendu compte que mon épouse, plus jeune et en très bonne condition physique se plaignait
de plus en plus souvent de palpitations et de problèmes de sommeil. Il nous devenait de plus en plus
difficile de nous promener en ville, d’aller au resto, de faire des courses. Les vacances et les nuits à
l’hôtel étaient devenus impossibles. L’ennemi était partout. Les individus semblaient avoir tous un
smartphone greffé au poignet. Je relevais une centaine de connexions WIFI possibles au centre
ville. La vie urbaine n’était plus possible et nous nous sommes enfuis. Longtemps, j’ai cru la chose
impossible, un Etat ne va pas mettre en place ou permettre une technologie qui impacte
physiologiquement ses citoyens, les médecins sont informés de la nocivité potentielle de
ces technologies. Hélas non, il fallait bien se rendre à l’évidence, nous serions sacrifiés sur l’autel de
la technologie sans fil, nouvelle révolution industrielle pour le bien économique de tous.
Fuir, mais qui et où ?
C’est là que nous avons commencé à identifier l’ennemi et à le connaître, ma formation en
géobiologie m’a heureusement bien aidé. Nous avons d’abord vérifié que nous avions bien éliminé
toutes les sources proches de rayonnement et nous allions de surprises en surprises. C’est le portable
qui bien que connecté par câble active automatiquement le WIFI et le bluetooth à
chaque démarrage, c’est le bluetooth dans la voiture, etc… Tout cela une fois corrigé on s’attaque
aux sources extérieures et on apprend que certains WIFI portent jusqu’à plus de 100 mètres suivant
les générations, on découvre que la Belgique est un véritable sapin de Noël d’antennes GSM et que
les zones blanches sont quasi inexistantes. On s’informe, on affine les outils de prospection et on se
met en chasse d’un paradis potentiel (après avoir changé de voiture car pas moyen de couper le
bluetooth). Le site immoweb fait partie de notre quotidien pour scruter les nouveaux biens en
Wallonie, car nous voulons rester en Belgique et ne maîtrisons pas la langue de Vondel. Nous
découvrons également des logiciels qui nous permettent de situer les antennes et de les identifier, je
m’équipe également de différents outils de mesure pour évaluer la pollution électromagnétique
sur place. Après 6 mois de recherche, nous identifions 4 biens qui pourraient convenir, 3 dans la
région de Chimay, Couvin et 1 dans la région de Lierneux. Nous visitons, mesurons et faisons des
offres quand les critères de conformité électrique, de salubrité et d’état général sont également
rencontrés. Parfois les proprios sont trop gourmands ou nous arrivons trop tard. Il faut également
que la région choisie offre des opportunités d’emploi pour mon épouse infirmière. Trouver un
endroit qui convienne aujourd’hui n’est donc déjà pas chose facile, mais en plus il faut évaluer les
chances que l’évolution urbanistique et le déploiement constant de nouvelles antennes ne viennent
pas ruiner à terme notre choix.
Voilà, c’est fait, nous avons trouvé et emménagé. Fini les palpitations, les douleurs musculaires et les
insomnies !
Nous sommes isolés au bout d’un chemin sans issue, à 4 km de l’antenne la plus proche et à 130
mètres du premier voisin, la zone est considérée comme naturelle, non batissable et entourée de
zones natura 2000. J’aurais aimé y placer un logement temporaire pour accueillir d’autres EHS, mais
cela n’est malheureusement pas possible d’un point de vue urbanistique. J’espère de tout coeur que
les progrès technologiques (5G par satellites…) ne vont pas venir perturber dans un proche avenir
notre choix de vie.
Le fait de vivre maintenant dans un environnement plus sain a des effets positifs sur mon état de
santé global. On dirait que la coupe trop pleine commence tout doucement à se vider et que mon
corps a maintenant la possibilité de se regénérer sans devoir se préoccuper de devoir encore lutter
en permanence pour maintenir une certaine homéostasie. Certes les premières semaines ont été
difficiles, les stimuli artificiels extérieurs n’étaient plus là, mais maintenant, je recommence à pouvoir
me concentrer, à écrire, les nuits sont complètes et calmes, le sommeil est enfin réparateur. Par
contre, les expositions doivent être écourtées. Le retour à des lieux dits civilisés devient de plus en
plus pénible pour les courses, c’est un peu comme si les symptômes étaient décuplés. Notre lieu de
vie est devenu le centre de notre vie dont on ne peut plus s’éloigner trop longtemps.
Nous voulons aider les EHS
Nos pensées vont vers tous les EHS existants ou en devenir en espérant qu’ils trouvent également
des solutions qui leur permettent de vivre dans des conditions décentes. L’EHS conduit à de
nombreuses exclusionsen plus de l’incompréhension et nous ne sommes pas tous sur un
plan d’égalité du point de vue des ressources pour se mettre plus ou moins à l’abri. Nous allons
essayer de mettre en commun avec l’AREHS (information et sensibilisation politique) et un groupe
d’autres personnes EHS un maximum de ressources (démarches juridiques, outils) pour les aider à
trouver des solutions pratiques afin de soulager leur quotidien.
Nous nous réunissons environ tous les mois et proposons la mise à disposition de nos expériences
acquises sur ce chemin de croix. Cela va du conseil juridique pour les démarches à entreprendre pour
la reconnaissance de l’EHS au prêt de matériel pour mesurer ou tester certains matériaux. C’est
également un lieu d’échange où il est possible d’être entendu et d’accepter de faire le deuil d’un
passé
révolu tout en bénéficiant des conseils techniques et des expériences des autres.
Nous avons décidé de concentrer notre action sur l’aide immédiate aux EHS, en leur proposant des
solutions d’accueil temporaire pour leur permettre de se décharger un peu, prendre du recul par
rapport à cet ennemi invisible, et retrouver de l’énergie pour mieux le combattre.
Mon EHS, je la vis comme une chance…
… car elle me permet de savoir où l’environnement est vraiment nocif pour moi. Mes cellules
réagissent et j’écoute mon corps qui me dit attention ça brûle. OK, il y a beaucoup d’inconvénients,
mais cela m’a permis de me reconnecter avec mon environnement, de réapprendre à écouter mon
corps et à m’astreindre à une hygiène de vie plus en harmonie avec le vivant. Hélas, cela n’est pas
donné à tout le monde et je suis un privilégié. Nombre d’EHS perdent leur travail, les familles
éclatent par incompréhension et comme les rats de laboratoire ils n’ont aucun échappatoire
possible. Ce sont les réfugiés modernes de la technologie.
On entend souvent, que tout cela se passe dans notre tête et que nos symptômes évoquent une
pathologie d’origine psychologique. Ce raisonnement a tendance à isoler encore plus les EHS,
considérés comme des contestataires voulant empêcher le monde de tourner. A mes demandes de
couper le GSM ou d’éteindre la WIFI pour la nuit, j’ai eu peu de réponses favorables. Les gens qui ne
sentent pas le danger se croient à l’abri. Cela ne les concerne pas. Par contre, j’ai eu de nombreuses
questions quand cela touche directement l’individu ou ses proches.
Puissance des lobbies, bénéfice des Etats et hypnotisation des foules
Au-delà des considérations physiques et comportementales individuelles, ce phénomène met de
nouveau en exergue la puissance des lobbies et le côté influençable et hypnotisable des foules. Je
ris toujours sous cape quand j’entends un opérateur dire que c’est une évolution en réponse à la
demande du client. Qui crée artificiellement la demande du client ? Qui met le rat dans la cage ?
Je n’entrevois malheureusement aucun espoir dans le fait que la technologie sans fil soit mieux
contrôlée car elle représente des intérêts financiers présents et futurs qui vont au-delà de
notre imagination. Cette technologie est tout bénéfice pour les Etats à travers les ventes de licence
(récemment 6 milliards d’euro pour la vente des licences en Allemagne aux 4 opérateurs). Elle
représente une manne futur pour les fabricants, il faudra remplacer tous les appareils devenus
obsolètes car non-prêts pour la 5G, plus produire tous les objets connectés (balance, frigo, four,
TV,voiture, tondeuse,…).
Je suis encore suffisamment maître de mon destin pour ne pas avoir besoin de tous ces gadgets. J’ai
autre chose à faire que de visionner des séries et à jouer à des jeux idiots et violents partout et à
toute heure. On est réellement en train de conditionner l’être humain au crétinisme, et que penser
d’une technologie qui fait souffrir des millions de gens pour pouvoir opérer un malade « à distance » ?
Ecouter son corps et la Nature
Être EHS, c’est l’opportunité pour moi de se reconnecter à la vie et d’écouter son corps et la nature
qui nous a vu naître. Je ne suis pas résigné à accepter la maxime darwiniste qui sous-entend : «
s’adapter ou disparaître » (2). Je ne suis pas non plus un Don Quichotte prêt à se battre contre des
moulins à vent et à ruer dans les brancards. Rarement un tel phénomène a pu susciter autant
d’écrits, de recommandations, d’études, de documentaires et de mises en garde. Le politique ne
réagit pas ou alors seulement du bout des lèvres quand des enjeux électoraux sont à la clé. Les
médecins (heureusement pas tous, je pense aux initiateurs du « Hippocrates Electrosmog
Appeal Belgium ») (3), vous orientent vers un psy ou vous prescrivent du Xanax.
Je ne connais pas les mécanismes mis en œuvre par la nature et notre physiologie pour expliquer le
phénomène EHS. Je dis juste merci à mon corps de me permettre de me rendre compte de la
dangerosité de notre environnement. Je ne suis pas malade, je subis juste les effets négatifs de
technologies trop rapidement généralisées sans faire appel au principe de précaution. »
Notre histoire a continué avec la construction d’une maison anti-ondes, du blindage d’un camping car et la mise au point d’un baldaquin de protection. Différentes initiatives viennent s’ajouter à ces créations et on continue chaque jour à trouver des solutions comme l’organisation du rassemblement annuel des EHS chez nous.