Chronique d’un EHS, être humain sensible

EHS comme abréviation d’une dimension perdue par notre civilisation, voudrait dire simplement « être humain sensible ». Est-ce l’âge, l’impuissance face au monde moderne ou un défaut de la cuirasse éducationnelle, je ne sais pas. J’ai l’impression très fugace d’avoir gagner en humanité grâce à ce statut qui nous est imposé. Je suis passé par la colère, la révolte, la résignation et maintenant je suis rentré dans la phase de partage avec autrui. Je reçois presque chaque jour des témoignages de plus en plus pénibles de personnes en errance ou en détresse physique. J’ai accepté mon impuissance à les aider ou à leur porter secours. Hier encore, un appel de M-L, dame rencontrée durant une conférence à Dinant et qui n’en peut plus de survivre. Son mari ne supporte plus les conditions de vie imposées par ses problèmes et elle est devenue une antenne réceptrice à toutes les ondes qui l’entoure. Elle n’ose plus sortir et même ouvrir ses tentures. Pourtant elle me demandait comment elle pouvait aider les autres. Elle a distribué autour de chez elle l’appel des médecins belges et elle veut redonner un sens à sa vie.

Mercredi, je vais prendre des mesures chez une autre dame qui a déjà eu 2 cancers du cerveau et qui suit une nouvelle chimio. Elle vit dans un village encore protégé des antennes, mais un projet d’installation dans le clocher de l’église d’une antenne est au début du processus. Le « s » de EHS signifie également pour moi « solidaire ». C’est un mot qui a perdu son sens de ce monde d’individualités égocentriques. Nous voulons des objets connectés pour donner des ordres et faire obéir notre environnement via des jouets technologiques qui doivent répondre au doigt et à l’oeil à nos moindres désirs. Avant, le jouet s’appelait un esclave, maintenant il s’appelle un robot. Le contact tactile réel avec nos doigts (des milliers de propriocepteurs concentrés sur quelques cm²), bouger notre corps sont des sensations en voie de disparition chez le futur « ex-être humain ». Nous perdons tout contact avec la réalité de notre monde naturel au profit de la normalisation pensée pour nous et qui fait de nous des digits résumés en algorithmes de fonctionnement. Je ne veux pas de ce monde là pour nos générations futures car je suis encore un EHS, un être humain sensible.

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