J’ai conduit mon épouse à l’hôpital hier pour une consultation auprès de la médecine du travail. Elle y avait déjà été la semaine dernière chez le même médecin et elle a été jugée apte au service. Entretemps, un traceur a été installé dans sa voiture de service et nous avons détecté un signal bluetooth continu dans une pièce de la maison quand la voiture était garée sur le parking. Elle avait des palpitations dans sa voiture et elle se sentait anormalement stressée.
Réussir à identifier la source et faire le lien avec le traceur ne fut pas chose facile et tient plus du hasard que d’une démarche scientifique. Techniquement, on a réglé le problème dans la maison en garant la voiture à bonne distance mais cela ne solutionnait pas son problème d’exposition permanente. Elle en a parlé à sa direction qui l’a renvoyée vers la médecine du travail pour un avis médical.
Le médecin ne savait pas ce qu’était le bluetooth et après consultation sur google en a conclu que c’était la dent bleue d’un chef viking écrit en caractère runique. Après explications, le médecin a rédigé la note suivante sur le certificat : « Eviter les expositions aux ondes électromagnétiques de façon continue (traceur bluetooth) ». Le certificat est envoyé à l’employeur, suite au prochain numéro.
La vie d’un EHS est une lutte perpétuelle contre son environnement et les nouveautés permanentes que ses congénères humains mettent en place pour faciliter la vie de tous les jours.
Je vis maintenant depuis 3 mois sans GSM, le sevrage a été instantané sans complications. Il a juste fallu organiser sa vie autrement comme avant quand il n’y avait pas ce fil à la patte. Car, ironie du sort, cette technologie sans fil est intimement liée à la vie de tout un chacun. C’est le seul objet que l’individu traine avec lui en permanence, 24 h sur 24. Quand cet objet ne sonne pas pendant à peine 10 minutes, l’individu va le consulter pour voir qu’il est encore activé, geste qu’il vient de faire quelques minutes auparavant. C’est un peu une angoisse existentielle permanente, un peu comme prendre son pouls pour vérifier si le cœur bat encore.
Je suis opposé à cette technologie pour son caractère nocif sur la santé mais aussi par le caractère addictif qu’elle a prise sur nos comportements à travers ce besoin individuel d’exister à travers le message d’un autre. Mon GSM ne sonne plus équivaut presque à se dire que l’on est seul au monde ou que sa propre existence ne compte plus pour les autres. Pauvre de nous.