Les Drs Magali Koelman et Vinciane Verly sont à l’initiative en Belgique de www.Hippocrates-Electrosmog-Appeal.be.
J’ai le plaisir de reproduire ici leur dernier travail de synthèse concernant :
Exposition des enfants
aux champs et rayonnements électromagnétiques
de radiofréquences/micro-ondes
(Wi-Fi, smartphones, antennes-relais, …)
Informations, recommandations, basées sur les recherches scientifiques actuelles indépendantes de l’industrie.
Introduction
Le Wi-Fi, les smartphones et tablettes en 2G, 3G, 4G, bluetooth, les téléphones sans fil DECT, les smart-TV, les montres connectées, … sont tous émetteurs de champs et rayonnements électromagnétiques artificiels de radiofréquences/micro-ondes (RF/MO).
Ces rayonnements ont été classés en 2011 par le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC), un organe de l’OMS, dans la catégorie des produits potentiellement cancérogènes pour l’homme (classe 2B), tout comme le plomb, le DDT, l’amiante, le tabagisme passif…
Il est communément admis que les rayonnements électromagnétiques RF/MO peuvent induire un échauffement des tissus. On parle d’effet thermique. Mais par ailleurs, de nombreuses études scientifiques indépendantes de l’industrie corrèlent l’exposition aux RF/MO avec des effets biologiques non-thermiques. Ceux-ci peuvent apparaître à des intensités d’exposition largement inférieures à celles nécessaires à échauffer les tissus. Sans provoquer d’échauffement des tissus, ils sont néanmoins susceptibles d’occasionner des dommages aux organismes vivants.
Il est également communément admis que les enfants sont plus sensibles aux facteurs environnementaux. Il convient de ne pas les exposer inutilement à des facteurs environnementaux potentiellement nocifs.
Les normes actuelles ne tiennent pas compte de l’existence d’effets biologiques autres que thermiques ni de la plus grande vulnérabilité des enfants. Elles sont insuffisantes pour protéger efficacement la population, et en particulier, les enfants.
Quels sont les effets biologiques et sanitaires ?
Des milliers d’études indépendantes relatent l’existence d’effets biologiques d’une exposition aux RF/MO.
En voici une liste non exhaustive et simplifiée.
- Effets sur l’ADN : rupture des brins de l’ADN, diminution de sa capacité de réparation, mutation chromosomique, mort des cellules ;
- Effets sur les protéines : perturbation de la synthèse et de la structure des protéines (en ce compris enzymes, hormones et neurotransmetteurs), synthèse accrue de protéines de stress et de radicaux libres ;
- Altération de la quantité et de la qualité du sperme, modification du tissu ovarien, altération de l’ADN des gamètes, altérations des niveaux hormonaux ;
- Modification de l’activité électrique cérébrale ;
- Ouverture de la barrière hémato-encéphalique ;
- Perturbation de la production d’énergie par les mitochondries ;
- …
Les effets peuvent se prolonger bien après l’arrêt de l’exposition et leurs conséquences sur la santé peuvent être multiples :
- Augmentation du risque de survenue de cancers;
- Atteinte du système cardiovasculaire : troubles du rythme cardiaque, tachycardies, palpitations cardiaques ;
- Atteinte du système nerveux central : troubles du sommeil suite à une perturbation de la synthèse de mélatonine ; troubles de la mémoire, dépression, troubles du comportement, suite à la perturbation de certains neurotransmetteurs, troubles de la concentration et de l’apprentissage ;
- Atteinte du système hormonal par perturbation de la synthèse des hormones ;
- Baisse de la fertilité, en particulier masculine ;
- Fausses couches ;
- …
Sensibilité des enfants
Les organes des enfants sont encore immatures et en plein développement, leur taux de division cellulaire est plus important. Les enfants sont par conséquent et de manière générale plus sensibles aux facteurs environnementaux.
En outre, leurs dimensions sont plus petites que celles d’un adulte. Les rayonnements électromagnétiques pénètrent donc proportionnellement plus profondément dans les organes. Leur cerveau contient proportionnellement plus d’eau que le cerveau adulte et absorbe donc davantage les rayonnements.
De plus, la génération actuelle d’enfants est exposée quasiment en permanence et ce depuis leur vie in utero. Les risques à long terme peuvent donc être accrus en raison des effets cumulatifs d’une exposition chronique prolongée.
Il est dès lors primordial de ne pas les exposer inutilement aux rayonnements électromagnétiques d’origine technologique.
Les normes actuelles
Les normes actuelles ont été établies sous la supervision de l’industrie en se basant sur les seuls effets thermiques. Elles ne considèrent pas les effets biologiques pourtant amplement mis en évidence à ce jour. Elles autorisent des niveaux d’exposition bien trop élevés au regard des seuils auxquels des effets biologiques et sanitaires ont été recensés. Elles ne peuvent donc protéger efficacement et durablement la santé de la population.
Nous préconisons le respect des seuils-limites d’exposition établies par le Conseil de l’Europe sur base de l’existence d‘effets biologiques et sanitaires. Celui-ci recommande :
« s’agissant de l’utilisation individuelle du téléphone portable, du téléphone sans fil DECT, du Wi-Fi, du WLAN et du WIMAX pour les ordinateurs et autres applications sans fil, par exemple les interphones pour la surveillance des bébés:
8.2.1. de fixer un seuil de prévention pour les niveaux d’exposition à long terme aux micro-ondes en intérieur, conformément au principe de précaution, ne dépassant pas 0,6 volt par mètre et de le ramener à moyen terme à 0,2 volt par mètre ; »
Etat des lieux des recommandations actuelles en Belgique et à l’étranger
En Belgique, plusieurs instances officielles ont émis des recommandations.
Dans sa brochure « Les Champs électromagnétiques et la Santé » (2012), le SPF Santé Publique recommande « à tout le monde, et surtout aux enfants, de respecter des règles élémentaires pour éviter une exposition inutile ».
Il stipule que « il est possible que l’utilisation prolongée d’un téléphone mobile engendre un risque accru de cancer du cerveau ». Il édicte en conséquence une série de mesures pour une utilisation raisonnable des téléphones mobiles.
L‘ONE a publié dans sa brochure 24 (2015) des recommandations sur l’utilisation du Wi-Fi dans les milieux d’accueil. Elle recommande :
- « si cela est possible, de ne pas installer de Wi-Fi et d’utiliser uniquement le système par câble pour l’accès internet ;
- s’il y a un système Wi-Fi : de placer la borne Wi-Fi et le PC dans un lieu où les enfants ne vont pas, hors des pièces de vie et surtout hors des dortoirs; d’éteindre la borne Wi-Fi dès qu’elle n’est pas utilisée ;
- pour l’utilisation d’une durée plus ou moins longue du PC, il est préférable de se connecter par câble car toute personne qui fait usage d’un poste raccordé au réseau par le Wi-Fi, se trouve à très courte distance de l’émetteur de sa propre machine. Le rayonnement émis par celle-ci est alors aussi important que celui d’une borne Wi-Fi. »
Office de la Naissance et de l’Enfance, « Le WI-FI dans les milieux d’accueil ? Quelques bons gestes à adopter », Flash Accueil, 2015; n°24: pp. 5-6.
En 2017, l’ONE a publié le rapport du groupe de travail sur les risques liés à l’exposition aux ondes électromagnétiques de radiofréquences à l’école. Le rapport recommande les précautions suivantes :
« 1) Limiter l’exposition des enfants aux ondes EM-RF en général (en tenant compte de l’évolution de l’utilisation des nouvelles technologies avec l’âge). Cette mesure est, en toute logique, valable à la maison aussi.
2) Information/formation sur l’utilisation « avisée et précautionneuse » des nouvelles technologies de l’information/communication, à destination des directions et pouvoirs organisateurs, des enseignants et des élèves, dans un esprit « d’empowerment ».
3) Information et communication transparente aux parents et aux élèves sur le projet d’établissement ».
Le rapport est disponible pour les professionnels de la santé scolaire et de l’ONE sur le site Excellencis-ONE ou sur demande à la direction santé de l’ONE.
Kind&Gezin émet également des recommandations de prudence sur son site internet.
« In het belang van de allerkleinsten kan je de straling beperken door bv. enkel een draadloze internetverbinding te gebruiken indien nodig en ook bij smarthpones de aanbevelingen rond gsm-gebruik toe te passen. »
Traduction : « Dans l’intérêt des plus jeunes, on peut limiter le rayonnement, par exemple, en utilisant une connexion internet sans fil uniquement en cas de nécessité et en appliquant également pour les smartphones les recommandations applicables à l’utilisation du gsm. »
https://www.kindengezin.be/veiligheid/huis-en-tuin/straling/
Le Conseil Supérieur de la Santé (2014) stipule que : « L’incertitude quant aux conséquences pour la santé a plutôt tendance à augmenter. Etant donné les lacunes persistantes et le manque de recul sur les conséquences potentielles d’une exposition à long terme, il considère toutefois que la prudence s’impose », […] « le principe de précaution peut être utile pour veiller à ce que ce développement ne mette pas en danger la santé publique de manière irréversible ».
En 2019, dans la lignée d’une trentaine d’autres appels similaires en différents endroits du monde, nous avons lancé l’appel :
« Hippocrates-Electrosmog-Appeal Belgium ».
Cet appel regroupe les demandes adressées au gouvernement pour augmenter la protection des citoyens, notamment des enfants. Il se base sur l’étude de la littérature scientifique indépendante de l’industrie. Il peut être signé par tout professionnel de la santé.
Nous appelons à l’application du Principe de Précaution en vue de protéger les jeunes générations, et particulièrement les enfants et femmes enceintes, des dangers potentiels liés à l’exposition chronique aux champs et rayonnements électromagnétiques RF/MO.
https://www.hippocrates-electrosmog-appeal.be/
A l’étranger
Le rapport Bioinitiative rassemble les conclusions de plusieurs milliers d’études scientifiques indépendantes de l’industrie. Sa première édition remonte à 2007. Il a été régulièrement complété et mis à jour depuis lors (2012, 2014 et 2019).
Il préconise l’utilisation d’alternatives filaires dans les écoles et les lieux accueillant des jeunes enfants.
En 2008, le Comité National Russe de Protection contre les Radiations Non-Ionisantes (RNCNIRP) déclare :
» Les membres du Comité National Russe de Protection de Radiation Non-Ionisante mettent en exergue l’ultime urgence de défendre la santé des enfants de l’influence des CEM des systèmes de communication mobile. Nous appelons les autorités gouvernementales, l’ensemble de la société à porter la plus grande attention à cette menace imminente et de prendre les mesures adéquates de prévention aux conséquences négatives sur la santé de la génération future. »
https://www.robindestoits.org/attachment/109625/
En 2011, le RNCNIRP publie des recommandations afin de protéger les enfants et les adolescents des effets de la téléphonie mobile sur la santé.
« Résolution : Champs électromagnétiques des téléphones portables : effets sur la santé des enfants et des adolescents »
https://www.robindestoits.org/attachment/275728
Le RNCNIRP a officiellement recommandé en 2012 que le Wi-Fi ne soit pas utilisé dans les écoles.
L’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, dans sa résolution 1815 de 2011, a émis plusieurs recommandations, dont :
« concevoir des campagnes d’information destinées aux parents, enseignants et élèves (point 8.3.1) et d’interdire tous les téléphones portables, téléphones DECT, WI-FI ou WLAN dans les écoles (point 8.3.2) »
« (…) l’Assemblée recommande que les états membres du Conseil de l’Europe prennent toutes les mesures raisonnables pour réduire l’exposition aux champs électromagnétiques, spécifiquement les fréquences de la téléphonie mobile et particulièrement l’exposition aux enfants et adolescents qui semblent être plus à risque pour des tumeurs au cerveau. »
« L’Assemblée recommande (…) de privilégier pour les enfants en général, et plus particulièrement dans les écoles et salles de classe, des systèmes d’accès à l’internet par connexion filaire et de réglementer de façon stricte l’utilisation du portable par les élèves dans l’enceinte de l’école. »
http://assembly.coe.int/nw/xml/xref/xref-xml2html-fr.asp?fileid=17994
La Pr Magda Havas au Canada dénonce les dangers du Wi-Fi à l’école depuis plusieurs années déjà :
« Les enfants sont plus sensibles aux contaminants de l’environnement notamment ceux comprenant des rayonnements micro-ondes. Le Rapport Stewart (Uk-2000) a recommandé que les enfants ne devraient pas utiliser les téléphones mobiles, sauf pour des situations d’urgence. Le téléphone portable expose la tête aux irradiations micro-ondes. Un ordinateur sans fil (Wi-Fi) expose toute la partie supérieure de votre corps et si vous avez l’ordinateur posé sur vos genoux, il expose ainsi vos organes reproducteurs, ce n’est pas souhaitable, surtout pour de jeunes enfants et des adolescents. »
« Pour ces raisons, il est irresponsable d’installer la Wi-Fi qui génère des irradiations artificielles micro-ondes dans un milieu scolaire où les jeunes enfants passent de nombreuses heures chaque jour ».
La Dr Martha Herbert, neuropédiatre et chercheuse en neurosciences à la faculté de médecine de Harvard :
« Les technologies actuelles ont été conçues et développées sans tenir compte des impacts biologiques autres que les effets thermiques. Nous savons maintenant qu’il existe un large éventail d’effets qui n’ont rien à voir avec l’échauffement des tissus. La revendication des défenseurs du Wi-Fi [par exemple] selon laquelle la seule préoccupation serait les effets thermiques est maintenant définitivement dépassée scientifiquement. »
http://www.cqlpe.ca/pdf/AvisMedicalContreWiFi.pdf
Dans une lettre de 2012, l’Académie Américaine de Pédiatrie s’inquiète pour la santé des enfants.
« Children are disproportionately affected by environmental exposures, including cell phone radiation. »
Traduction : « Les enfants sont touchés de façon disproportionnée par les expositions environnementales, y compris le rayonnement des téléphones cellulaires. »
Cliquer pour accéder à aap_support_letter_cell_phone_right_to_know_act.pdf
En 2016, suite à la parution des résultats du National Toxicology Program, l’Académie Américaine de Pédiatrie a resserré les recommandations qu’elle fait aux parents concernant l’usage du téléphone portable par leurs enfants ainsi que par eux-mêmes.
Dans l’Appel international EMFscientist (2015), 250 scientifiques internationalement reconnus épinglent le danger de l’exposition croissante aux ondes électromagnétiques, en particulier pour les enfants, et demandent à l’ONU et à l’OMS des normes réellement protectrices et une information correcte de la population.
« Ces découvertes [scientifiques] justifient notre appel, notre revendication, auprès des Nations Unies, et de tous les pays membres dans le monde, afin d’encourager l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à exercer une forte pression pour qu’on développe des recommandations nettement plus protectrices contre les EMF, que l’on prenne des mesures de précaution, et que l’on informe le public des risques pour la santé, particulièrement ceux encourus par les enfants et les fœtus en développement. »
Les signataires de l’Appel de Reykjavik (2017) sont également préoccupés par la santé et le développement des enfants dans les écoles utilisant la technologie sans fil pour l’enseignement. Ils formulent les recommandations suivantes :
- « Pas de réseaux sans fil dans les pré-maternelles, maternelles et écoles.
- Une connexion câblée directe est recommandée à chaque classe pour que l’enseignant puisse l’utiliser pendant les cours.
- Préférer les téléphones filaires pour le personnel dans les pré-maternelles, maternelles et écoles.
- Préférer la connexion câblée à Internet et les imprimantes dans les écoles et désactiver les paramètres Wi-Fi dans tous les équipements
- Préférer les ordinateurs portables et les tablettes qui peuvent être connectés par câble à Internet.
- Les élèves ne devraient pas être autorisés à utiliser les téléphones cellulaires dans les écoles. Ils peuvent les laisser à la maison ou bien l’enseignant les ramasse en mode désactivé avant la première leçon du matin. »
http://www.grappebelgique.be/spip.php?article3121
Malgré une politique générale de plus en plus pressante vers les « smartschools », le Wi-Fi a été officiellement déconseillé, voire interdit ou retiré, dans certaines écoles en Belgique (Wanzee), en Angleterre, en Allemagne, en Autriche, en Australie, en Nouvelle Zélande, en Suisse, en Italie (Turin), aux USA, en Israël (Haïfa), en France (Hérouville) et dans des universités au Canada (Université de LakeHead et d’Ontario) pour raisons sanitaires.
Voir ci-dessous :
http://safetechforschoolsmaryland.blogspot.com/2015/03/schools-that-choose-to-install-safe.html
En France, la Loi Abeille, votée en 2015, interdit l’utilisation du Wi-Fi dans les crèches. Il existe également un projet de citoyens éveillés à cette problématique : « Ecole Numérique sans ondes Wi-Fi ».
En conclusion
Le principe de précaution n’est actuellement pas appliqué. La santé des enfants et des citoyens en général est menacée par la surexposition chronique aux champs électromagnétiques artificiels de radiofréquences/micro-ondes (smartphones, antennes-relais, Wi-Fi, …) reconnus comme potentiellement cancérogènes pour l’homme et responsables de dommages sur les systèmes biologiques.
Les enfants sont plus sensibles à l’exposition aux ondes électromagnétiques notamment en raison du fait que leurs organes sont immatures et en plein développement, leurs organes sont proportionnellement plus exposés que ceux des adultes, leur taux de division cellulaire est plus important. Il est donc primordial de ne pas les exposer inutilement à ces rayonnements artificiels. De plus, les risques peuvent être accrus en raison des effets cumulatifs d’une exposition chronique prolongée.
Nous préconisons :
- de minimiser l’exposition des enfants aux rayonnements électromagnétiques d’origine technologique (Wi-Fi, antennes-relais, smartphones et autres objets connectés sans fil à la maison et à l’école) ;
- l’interdiction du Wi-Fi et des objets connectés dans les crèches, les écoles et les lieux accueillant les enfants ;
- le recours aux alternatives filaires partout où cela est techniquement possible.
Pour toute information complémentaire concernant cette problématique ou pour accéder à des références scientifiques, merci de consulter notre site internet :
www.Hippocrates-Electrosmog-Appeal.be
Synthèse réalisée par les Drs Vinciane Verly et Magali Koelman
Pour Hippocrates-Electrosmog-Appeal.be
Dr Vinciane Verly, médecin généraliste formée en Médecine préventive du nourrisson
Dr Magali Koelman, médecin généraliste, CU Médecine scolaire