Changer le train-train quotidien. Cette réflexion m’a directement ramené à un souvenir d’enfance. Enfant peu sociable, je consacrais mon temps à construire un immense train électrique. Une chambre complète y était consacrée. Je réalisais tout, du décor au poste de commande électrique. On avait récupéré des tresses de câbles téléphoniques pour avoir des fils électriques de couleurs différentes et du pupitre de commande au décor, c’était un câblage digne des rêves les plus fous. Il y avait le train, des voitures électriques à la même échelle, une montgolfière, un bateau un terrain d’aviation avec un hélicoptère dont les pales tournaient, etc… L’installation tournait principalement en courant continu 12 V avec des transfos pour les moteurs ou éclairages nécessitant de l’alternatif. Je pouvais à peine rester une heure dans cette pièce avant d’être pris de violentes migraines. Pourtant, c’était ma passion. De tout cela, aujourd’hui il reste une caisse avec des locomotives et des wagons. Je me dis à postériori que j’étais peut-être déjà sensible à l’électricité.
J’enchaîne donc brillamment avec le titre : changer « le train-train ». Les gens qui viennent chez moi viennent avec leurs habitudes et leurs certitudes. Ils attendent donc dans un premier temps de retrouver leur définition du confort et je dois m’habituer à leurs habitudes. L’avancée technologique du sans-fil est pour moi inexorable, son arrêt provoquerait un chaos mondial dont l’humanité ne se relèverait pas. Ils n’ont qu’un choix, toujours aller plus en avant dans le mur. J’ai arrêté de jouer avec mon train et pourtant c’était ma passion, j’ai arrêté de vivre dans un électrosmog et pourtant cela était censé me faciliter la vie. J’ai réappris à vivre autrement et j’ai laissé mes habitudes dans une caisse au grenier. Il me semble indispensable à notre survie d’abandonner certaines habitudes et rêves d’enfant et de reconstruire notre vie sur d’autres bases personnelles plus adaptées à ce monde qu’on ne changera plus.