Echelle de sensibilité

J’ai été contacté hier par un septuagénaire qui a construit seul sa Tiny House et qui s’est installé non loin de chez nous dans un projet coopératif de type camping dans une zone pas trop exposée. Je le cite : « C’est le seul endroit ou je peux évoluer sans mes vêtements de protection, je m’y sens bien et retrouve la vitalité de mes 20 ans( malgré mes 71 ans!!) ».
L’endroit n’est pas sans antenne mais la topographie du terrain permet d’être relativement protégé selon son témoignage.
Nous avons tous des degrés de sensibilité différents, nous avons tous une échelle de référence et nous montons et descendons les échelons suivant notre état de santé général, nos états d’âme et notre environnement. Les personnes peu sensibles aux ondes me posent toujours la même question : « c’est quoi les symptômes ? » Difficile de répondre, il y a autant de symptômes que de EHS et les effets ne sont pas nécessairement instantanés. Certains réagissent au quart de tour et d’autres se sentent affectés après un certain délai. Certains réagissent à de très fortes expositions et d’autres à des expositions imperceptibles par nos appareils de mesure. Certains réagissent à des gammes de fréquence bien particulières et d’autres sont des capteurs universels de tout ce qui traine dans l’environnement.
Dans ces circonstances, il est très difficile de prédire qu’un endroit conviendra plus ou moins à certaines personnes et pour résoudre ce problème je me base sur une norme qui vaut ce qu’elle vaut, celle de la Baubiologie qui m’indique que pour les hautes fréquences l’intensité du champ électrique doit être inférieure à 0,006 V/m. Cette valeur est purement indicative et destinée à des EHS qui sont au sommet de l’échelle de sensibilité.
Les appareils de mesure nous donnent des chiffres, notre corps nous donne notre vécu. Tout est dit.

Creuser la tête

Dans les personnes que nous recevons, les mêmes questions reviennent en permanence. Pourquoi moi, c’est quoi l’origine de ce problème EHS, c’est génétique, c’est mon environnement, c’est mon alimentation, … ? Et les personnes consacrent une énergie dingue à se creuser la tête et à chercher le comment du pourquoi. C’est certainement légitime et humain me direz-vous. Oui, c’est une réaction normale compte tenu de notre éducation et de notre mode de vie où il faut tout tout de suite. Dans la plupart des personnes rencontrées, je ne suis pas psy ou médecin, il se fait que les signes EHS viennent exacerber une pathologie antérieure dormante. Les symptômes décrits, en dehors de quelques constantes, varient en fonction de chaque individu. Prenons mon cas, sans faire de généralité, l’exposition aux CEM provoque chez moi immédiatement une douleur dans la hanche droite qui disparait aussi vite quand je rentre chez moi. Cette douleur est un souvenir lointain d’une double hernie discale non opérée. Pour mon épouse, cela se met sur son estomac pour d’autres cela varie réellement en fonction de chaque individu.
J’ai passé avec le temps les différentes phases de deuil, de colère, de révolte de fuite et de résignation. J’ai lu avec beaucoup de difficultés de nombreux ouvrages dont celui de Belpomme, le livre noir des ondes, auquel je n’ai rien compris en dehors d’une migraine épouvantable, j’ai pas le niveau. Je ne cherche plus l’origine, je vis la réalité présente et nous tentons mon épouse et moi d’être proactif vis à vis de cette pollution. Notre énergie, nous la consacrons maintenant à partager notre savoir et notre lieu de vie.
Il est vrai que cette démarche a nécessité de nombreuses remises en question sur notre perception du monde et notre mode de vie, mais cela n’a pas été en vain car notre santé physique s’en est trouvée nettement améliorée. Construire demain, en vivant aujourd’hui avec l’expérience d’hier, voila peut-être notre secret.

Vivre comme des Amish

Oui, certains pensent que nous vivons comme des Amish. Les preuves sont là, la façon de se vêtir, la bougie, la lampe à huile. Et pourtant non, nous sommes réellement équipé en électricité, je travaille sur un ordinateur connecté en RJ45 et nous avons une voiture motorisée pour nous déplacer. Le fait de vivre dans un endroit protégé des ondes me laisse souvent penser que je ne suis plus préoccupé par ce problème de nuisances CEM. Et pourtant, une simple expédition (oui, c’est une aventure dangereuse) me rappelle directement à l’ordre et perturbe totalement mon organisme. Heureusement, ces expéditions sont rares et brèves, juste de le temps de faire quelques courses et retour immédiat dans notre lieu de vie.
Dans un article précédent, j’évoquais une deuxième vague au regard des nombreux appels que nous recevons. Je crains plutôt que cette deuxième vague soit un Tsunami et je ne vois pas bien ce que nous pouvons faire pour nous en préserver.
Mon épouse et moi-même avons dépassé le stade de la colère et de la révolte, nous n’acceptons pas pour autant l’état de fait imposé, nous nous battons tous les jours dans notre petit coin de paradis pour le préserver et offrir l’opportunité à d’autres d’en bénéficier même si cela n’est qu’un court moment dans une vie. Nous savons combien les contraintes liées à l’EHS perturbent et modifient notre vie d’avant mais n’oublions pas que ces contraintes nous poussent à nous préserver de pathologies bien plus pernicieuses à long terme. Nous sommes dans un combat d’optimisme, nous essayons de toutes nos forces de transformer cette problématique en un choix de vie optimiste. Hauts les coeurs.

Les électrohypersensibles émergents

Depuis quelques semaines, nous sommes contactés par des électrohypersensibles émergents. J’entends par ce terme, des personnes qui découvrent un certain nombre de troubles que leur médecin et les examens cliniques n’arrivent pas à expliquer ou à soigner. Ces personnes n’ont aucune connaissance du phénomène de l’électrosensibilité mais en on entendu parler vaguement. Pour nous, dans nos contacts, c’était au départ principalement des EHS confirmés qui avaient déjà effectué un long périple avec leurs symptômes et suivi de nombreux régimes ou traitements, c’était la première vague. La deuxième vague semble différente, elle continue à utiliser un GSM, elle vit principalement en milieu urbain et commence à se poser des questions suite à divers troubles. Les médecins sont impuissants, ils proposent plus des somnifères, des calmants, des anxiolytiques et des traitements psy qu’une réelle prise en charge.
Je demande à ces personnes leur adresse pour me faire une idée via les sites d’antenne de leur exposition dans leur lieu de repos. Je suis effaré surtout en France, par le nombre d’antenne en milieu urbain, le nombre d’opérateurs et les bandes de fréquence utilisées en plus d’une 5G quasiment omniprésente. Je ne suis plus allé dans une grande ville depuis plus d’un an et il est certain que je n’y mettrai plus les pieds de mon vivant.
L’accueil des EHS émergents de la deuxième vague est fort différent car ils doivent encore passer par des phases de connaissance de la problématique, de colère, de révolte, de dépression et enfin de fuite avant d’envisager sereinement des solutions. C’est un long chemin.

Le choix du logement pour l’EHS

Première semaine de 2022 très riche en échanges, en rencontres et en accueil. Beaucoup de questionnements sur les possibilités de refuge pour les EHS, le tout dans un contexte social tendu avec de nombreuses restrictions de mouvement et un Covid omniprésent. Nous offrons actuellement diverses solutions pour le logement et j’ai décidé de compléter notre offre par la bergerie avec une belle botte de foin et des moutons pour tenir chaud. C’est de l’humour naturellement mais quand je vois ou j’entends ce à quoi les EHS sont prêts pour trouver une solution, je me dis que la bergerie ou le poulailler pourrait très bien convenir du moment que l’on reste en zone blanche. Beaucoup me parlent de Tiny house, c’est une option que j’ai également envisagée en son temps mais vivre à deux confinés dans 12 m² me semble une solution utopique à terme. La Tiny peut sembler une solution intéressante pour les budgets limités mais il faut tenir compte de la difficulté de trouver un lieu pour la placer et des difficultés techniques aussi bien au niveau de la protection contre les ondes basses et hautes fréquences que des difficultés sanitaires. La difficulté pour trouver un lieu réside d’abord dans l’absence de zones blanches et ensuite dans les difficultés administratives au niveau logement. J’ai donc fini de chercher dans cette direction qui semblait alléchante au départ.
Trouver un terrain en zone habitable qui ne serait pas trop exposé aux antennes et assez éloigné des voisins (une zone blanche) relève presque de l’impossible actuellement en Belgique comme en France. Il faut également tenir compte des projets à venir de couverture complète des territoires pour permettre aux futures voitures sans pilote de parcourir en toute sécurité grâce à la 5G l’ensemble du territoire.

C’est quoi une zone blanche ? Quelle distance des antennes ? Combien de mètres entre les voisins et votre habitation ? Possibilités de trouver ou d’exercer un travail ? Quid des écoles pour les enfants ? Quid des déplacements pour les courses ? Ce sont toutes des questions qu’il faut se poser en plus des problèmes inhérents à la protection du logement contre les ondes.

On avance, on avance c’est une évidence

C’est laborieux, c’est lent, il fait froid, il fait humide et je me suis blessé. J’avoue que ce dernier mois, ce fut très pénible au niveau de l’avancement des travaux. La belle énergie du début a laissé doucement place à une forme de lassitude et de découragement. Cette pluie, cette humidité extérieure, la difficulté de se procurer les matériaux et les augmentations de prix ont durement sapé mon moral. En plus, pour simplifier le tout, j’ai également réalisé des travaux d’aménagement dans notre maison d’habitation pour mieux recevoir les EHS. Ce fut également un gros travail en quelques jours.
Heureusement aussi que derrière tout petit homme se cache une grande femme. La mienne a du renoncer fin 2021 à son travail d’infirmière à domicile en raison d’une exposition trop importante aux ondes. Oui, elle est également EHS et cela devient compliqué de devoir travailler avec une tablette connectée en 4G, un GSM, le WIFI et le DECT des patients. Voyons le bon côté de la chose, elle m’aide pour le moment à porter les choses trop lourdes comme le plan de travail de la cuisine. Cette petite digression pour aborder une problématique essentielle ches les EHS : quel travail possible pour un EHS dans un monde hyperconnecté ?
Suite au prochain numéro.

Un témoignage poignant

L’image de ce texte a été prise à proximité de Nismes en Belgique C’est un site géologique unique dont la photo devait me servir à illustrer des recherches que nous faisons actuellement pour trouver des sites à visiter pour permettre aux EHS de sortir à l’extérieur dans des endroits non-exposés. Nous recensons actuellement différents lieux et allons mesurer sur place pour vérifier l’innocuité de l’endroit.
Seulement voilà, hier soir, un appel de Paris vers 20h30 et une personne en larmes au téléphone. Cette personne me décrit à grand peine sa douleur et son récit poignant me fait immédiatement penser à ces paysages torturés que nous avons observé. Il me décrit comme des pierres saillantes qui lui traverse la peau et cisaillent son corps. Il me parle de brûlures et de l’impression que sa tête est prête à exploser. Il s’est présenté aux urgences d’un hôpital et il a été mis dehors avec le conseil d’aller voir un psy et de prendre un anti-douleur. Son témoignage a duré une bonne dizaine de minute et j’étais totalement impuissant. Le seul endroit où il trouvait un peu de répit se trouvait dans les caves du conservatoire. Dans son appartement, il n’arrivait plus à dormir et il était obligé de se réfugier dans ces caves pour trouver un peu de repos.
Des témoignages comme le sien, j’en reçois en permanence, des études prouvant les effets pervers des ondes, j’en lis tous les jours, et pourtant rien ne bouge dans un univers numérique qui ouvre grand les portes à la 5G et à la consommation de données. Mais où est l’être humain dans tout cela ? Où est encore la place du vivant ?