Je suis du genre timide, réservé, je fuis la foule et la vie urbaine et pourtant depuis que nous résidons dans un trou perdu, je n’ai jamais rencontré autant de gens et partagé autant d’histoires de vie. Ces personnes qui viennent nous voir et découvrir notre lieu de vie ont toutes un point en commun. Non, ce ne sont pas des anciens fans de Claude François, des joueurs de whist ou des personnes dépendantes à une quelconque substance. Non, ces personnes ont en commun une soif de vivre, d’exister, d’être reconnues comme des êtres humains. Elles ont souvent été obligées de quitter leur emploi, leur conjoint, leur famille pour pouvoir continuer à simplement exister. Ce ne sont pas des réfugiés politiques ou économiques mais des réfugiés des ondes. Certains restent une demi-journée, d’autres prolongent quelques nuits et d’autres encore viennent simplement se procurer la tente de protection à expérimenter chez eux.
Il n’est pas question dans nos échanges d’argent ou de relation amoureuse, simplement de vie, d’une lueur d’espoir de reprendre une vie ordinaire. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que la vie d’avant est définitivement perdue car dans leur coeur, ils ont pris conscience d’une autre dimension de leur existence en rupture totale avec leur ancien vécu. Ils ont découvert une facette du monde humain qui ignore l’existence de l’autre et son droit à exister.
Faire un feu dans son jardin est proscrit par la loi car la fumée pourrait gêner, voir intoxiquer un voisin. Allumer sa box wifi ou utiliser un DECT a exactement les mêmes effets sur le voisinage, mais la fumée toxique des ondes n’est pas palpable par nos cinq sens et donc n’existe pas.
Ces rencontres sont pour moi une source intarissable. C’est juste le plaisir d’exister et de rencontrer d’autres êtres encore humains dans ce monde virtuel.